ES 3 : 144 km. M’Hamid / M’Hamid
Après cette journée galère, le directeur de course a décidé de repousser le départ à 10h30. Hier, certains oueds étaient infranchissables, beaucoup de concurrents sont rentrés au bivouac en pleine nuit. À 22h30, Sylvain Couteau, Amaury et Antoine ont pris la route pour aller récupérer deux motos abandonnées en plein désert. On a constaté qu’en arrivant au bivouac durant toute la soirée, beaucoup de motards étaient tellement sales et épuisés par la piste que la moindre goutte d’eau était une bénédiction. D’autres ressemblaient à un sac de farine. Les traits fatigués, les teints farineux et les motos méconnaissables, ces courageux combattants ont vécu l’énigme d’un désert inhospitalier. Il est vrai que, dans le désert, on ne triche pas, on ne ment pas, et personne n’est à l’abri d’un obstacle. # 102 Jérôme Cambler / Alain Brousse. « Si je devais définir la spéciale d’hier, je n’hésiterais pas à dire « une journée galère pour nous ». Peu après le départ, on casse un ressort d’amortisseur ensuite, on se plante dans un oued bien gars, ce n’est pas fini, et le malheur ne vient jamais seul dans sa valise, quelques minutes plus tard, on grille notre alternateur. Et là, j’ai compris que le Mistigri était rentré dans l’Optimus. La sale bête ! En même temps, on est là pour vivre l’aventure et c’est normal qu’on repousse les limites de l’aventure. Finalement, Sam, notre mécano à travailler toute la nuit pour que nous puissions reprendre la course ce matin. La voiture est en forme, nous aussi, alors aujourd’hui, nous allons décrocher le détroit de Magellan ! Inch allah. »
C’est encore sous un soleil bleu d’azur que les concurrents patientent à quelques pas de la ligne de départ. Le motard # 71 Gallas se positionne sur la ligne de départ. Devant lui, les photographes et vidéastes enclenchent leur matériel. Tout le monde retient son souffle. Vrooommm, vrooommm…, c’est parti pour une chevauchée fantastique. Derrière lui, le # 21 Paulin, et le # 39 Melot qui attendent le décompte. Dans cette file d’attente, on remarque que Benjamin Belot est prêt à bondir, le couteau entre les dents, pour s’emparer du « Détroit de Gibraltar ». 15 minutes après la dernière moto, le # 101 MD Optimus de Vitse / Delpfino s’installe sur le starking-blocks 5,4,3,2,1,0 Vrooommm, vrooommm, vrooommm, la poussière se lève et en quelques secondes, le SSV disparaît des flashs des caméramans. Derrière lui, le # 105 de Dunbee de Nicolas Delencre / Jonathan Lurquin, suivit du SSV # 201 de Lacam / Delphino. Ils sont forts ces Gaulois ! Si l’équipage # 204 Pélichet / Lecourbe ne part qu’en 8e position ce matin, ces deux flibustiers ont bien l’intention de partir à l’abordage des meilleurs de la classe ! L’étape débute sur une première partie très technique, puis, le marchand de sable va vite faire son apparition sur des pistes I I I I tout au cap. La deuxième partie, les concurrents retrouveront le lac pas du tout ‘’Rikiki !’’ Dans cet environnement, il faudra bien faire attention au piège compte tenu des dernières intempéries. Face à eux, les dunes et des dunettes de l’Erg de Chegaga et de l’Oasis Sacrée, puis des pistes sinueuses en fesh/fesh, plusieurs oueds, avant de retrouver des pistes du style WRC avec un peu de végétation. La troisième partie ne sera pas non plus une promenade de santé. Des passages étroits avec beaucoup de nav entre les montagnes, et des dunettes plutôt techniques à passer pour finir en beauté sur une piste rapide jusqu’à l’arrivée. Voilà pour le menu complet de la journée : entrée, plat et dessert ! Vous reprendrez bien un peu de dessert !
À mi-parcours, à moto, c’est le # 84 Ventura qui mène la danse devant le # 71 Gallas et le # 39 Bellot. Trois mousquetaires qui ne se quittent plus. Un pour tous, tous pour un. Derrière tout le monde s’accroche au petit train. Les autos filent plein gaz sur les pistes WRC avant de prendre de l’élan pour grimper sur les plus hautes dunes de Chegaga. Simon Vitse fait parler la poudre et montre la trace pour les copains qui ont moins de puissance qu’eux. Au loin, deux autos sont enlisées dans le sable ocre, pendant qu’un Bédouin assis sur sa mobylette leur fait un signe encourageant et chaleureux, puis continue son chemin sans problème. Plus près du ciel, Jonas Mahé, le pilote de l’hélicoptère survole ce ‘’nid de coucou’’ comme un berger qui surveille son troupeau de brebis égarées dans l’Erg Chegaga. Il ne les quitte pas des yeux. C’est logique, car nous sommes dans un univers hostile et impitoyable au sein duquel l’homme n’a pas naturellement sa place. Comme des vrais marins, ils affrontent une mer déchaînée au centre de cet univers hostile, au sein duquel l’homme n’a pas naturellement sa place. Malgré tout, les pilotes du Carta sont conscients de leurs capacités et de leurs limites, reléguant ainsi toutes manœuvres inutiles aux Calendes Grecques.
Parlons de la boutique du Rallye. Ce point de vente qui est tenu d’une main de fer par Fany ne désemplit pas, à l’image des soldes de printemps des plus grands magasins Parisiens. N’hésitez pas à vous rapprocher du stand qui est situé dans la cour centrale du Pacha pour faire vos emplettes avant la rupture de stock. Fany propose des tarifs préférentiels pour tous les concurrents du Carta Rallye : Hoodie Zip = 65 €. Tee shirt = 15 €. Petits ou grands, chacun y trouvera sa taille. Youpi !
Équipe # 240 SSV Experaid. Rodolphe Mauduit / Cynthia Mahé. Originaires de Normandie « Les deux premiers jours étaient un peu compliqués en nav. Je pense qu’il nous fallait un peu de temps pour que l’on se remettre dans le bain. De plus, hier, notre Turbo a lâché, du coup, Éric a fait venir un Turbo neuf de Merzouga. Les mécanos ont travaillé une grande partie de la nuit, ce qui nous a permis d’être au départ ce matin. La machine marche bien. De toute façon, pour nous, c’est déjà de se faire plaisir et surtout de passer la ligne d’arrivée à la fin de la semaine. Au milieu de nulle part dans l’Erg Chegaga, au loin j’ai vu une ombre qui me faisait des gestes. Sans hésitation je me suis rendu sur place. Il y avait un motard à côté de sa moto, qui était couchée dans le sable. Il m’a dit qu’il avait horriblement mal à l’épaule. Cynthia à tout de suite activée les deux boutons de détresse pour prévenir le PC course. L’hélico prévenu, il s’est rendu en quelques secondes sur place ».
# 19 KTM 450 Tracy Morandin. Rallye Aventure « Dans la vie professionnelle, je suis cheffe d’entreprise. Issu de l’Enduro, en 2023, j’avais participé au Rallye Helas, en m’appropriant la catégorie féminine. Cette année, j’avais envie de venir rouler dans le désert et je ne suis pas déçu. J’adore rouler sur les pistes et m’enfoncer dans les dunes de sable. C’est vrai que c’est très impressionnant lorsqu’on se trouve face à ces montagnes. Mais, de toute façon, on n’a pas le choix et je ne suis le genre de fille à faire marche arrière. De plus, c’est la première fois que roule pendant plus 400 km en une journée. C’est génial et magique à la fois. Dans ce genre de course, on fait de belles rencontres. La solidarité entre motards est très visible. Tous les matins, ils viennent me voir pour me demander si tout va bien. Ce qui me rassure aussi, c’est que toute ma famille me soutient, et aussi mon fils Andréa âgé de 4 ans. C’est aussi pour eux que je m’accroche. »
Retrouvez le classement sur le site du Carta Rallye
Gilles David. Journaliste Carta Rallye 2025.
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