ES 2 : 487 km. Itch / M’Hamid
Le jour à peine levé, l ’Auberge Botj Biramane est déjà en ébullition, les moteurs des motos servent de clairon. Debout, les gars réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup ! Dans les allées de l’auberge, on croise des marmottes mal réveillées qui cherchent désespérément l’endroit du petit déj. Tout le monde doit prendre des forces avant d’attaquer cette longue et difficile étape. Les petits nouveaux de cette discipline ont découvert hier un désert aride où l’on peut vite perdre pied. Pour les autres, à force de fréquenter ces endroits, à rouler jour après jour sur différents Rallyes et sur ces pistes sinueuses et desséchées, ils ont développé un sens inné qui fait d’eux des êtres du désert que l’on ne peut comprendre, que si l’on partage un peu de leur monde.
Devant la ligne de départ, tous les concurrents sont à la file indienne, très vite l’ambiance s’échauffe et la ferveur monte au fur et à mesure que le chrono s’écoule. Côté auto / SSV, dans les habitacles, les pilotes et copilotes sont aussi tendus que des arbalètes ! les yeux rivés sur son chrono, les copilotes deviennent un genre de coucou qui vit au son d’une horloge ! Tic, tac, tic, tac…
C’est sous un splendide soleil que la première moto # 39 Benjamin Melot s’élance à bride abattue sur une grande ligne droite où la poussière voltige et drape le sol. Derrière lui, la bagarre est ouverte avec des durs à cuire. Le # 84 Martim Ventura et # 3 Allessandro Bottturi sont chauds comme des patates pour l’avaler à la moindre erreur de nav, le premier de la classe ! En auto, ça sent la poudre. Là aussi, la bagarre s’annonce redoutable entre l’équipage # 101 MD de Vitse / Delphino, le SSV # 227 de Mickus / Leskauskas et le SSV # 202 Zosso / Zosso. Trois cadors de la discipline aux dents longues ! Après ses ennuis mécaniques de la veille, toute la caravane est contente de retrouver le doyen de la course, Bernard Andrieux et sa copilote Marion Andrieux. Leur assistance Modulauto a travaillé d’arrache-pied une partie de la nuit pour remettre le Nemesis-R sur pied. Lorsque la piste devient plus ondulée avec quelques dangers 3, on assiste à une chasse à courre entre costauds. Le SSV # 215 de Frédéric Valverde et Loïc Minaudier multiplie les offensives pour remonter dans le classement. Malgré les attaques répétées de ses poursuivants, l’Optimus de Simon Vitse résiste. # 201 le SSV d’Hugues Lacam et Delpine Delphino lance toutes leurs forces dans la bataille au km 140 à l’approche du HP (hors piste). Coup dur pour le pilote moto Honda # 5 Souleymane Addahri qui a chuté lourdement. En quelques secondes, l’hélicoptère s’est posé sur place pour rapatrier au plus vite le motard. Il s’agirait de blessures superficielles au bras et aux genoux.
Au ravitaillement # 2, lors du passage d’un oued qui, logiquement, devait être asséché, était devenu infranchissable pour certains, le SSV de Hugues Lacam s’arrête. Sentant le danger, Dephine Delfino, navigatrice d’Hugues Lacam descend du véhicule pour scruter l’horizon. Elle décide de contourner l’oued de 500 m sur la droite pour contourner l’obstacle. Le MD de Simon Vitse et le SSV de Stéphane Zosso font la même chose. L’opération est payante. 30 minutes plus tard, plusieurs équipages se plantent dans le même oued. Branle-bas de combat, l’orga vient à leur secours, ainsi que le camion balai. C’est là que la solidarité fonctionne à plein. Tout le monde sort la ficelle pour aider les copains. Il n’y a plus de compétition, seule la solidarité prend le pas sur la course. Aujourd’hui, le mot « aventure » était associé avec « problèmes ». Quoi qu’il en soit, les actes et les comportements n’ont d’intérêts que s’ils ont un sens. Compte tenu du grand nombre d’équipages embourbés, le directeur de course décide de neutraliser l’étape pour que l’orga et le camion balai puissent sortir les concurrents de ce mauvais pas.
Stéphane et Caroline Zosso. SSV 202. « Pour nous, c’est une journée galère. J’ai cassé le bras avant supérieur au km 300. Du coup, j’ai attaché le bras brisé en deux avec des sangles sur la carrosserie, tant bien que mal. Mon véhicule ressemblait à une marionnette dirigée par un marionnettiste qui recherchait l’équilibre pour rester au sol. Mon épouse Caroline a été très courageuse face à cette adversité. Il faut dire que je roulais aussi vite qu’avant la casse. J’espère que nous n’aurons pas trop perdu de temps »
SSV # 217. Xavier Lormand / Guillaume Jorda « Je me suis régalé. Malgré la neutralisation, cette spéciale était magnifique. La nav était d’une précision redoutable. Cela m’a fait penser au Raod-Book de René Metge. Toujours précis. Au briefing du soir, René nous donnait des petites infos pour éviter tel piège ou tel obstacle. Un grand monsieur malheureusement disparu, que beaucoup regrettent ».
Gilles David. Journaliste Carta Rallye 2025.
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